La Couleur tombée du Ciel

(Extrait du journal personnel de Ashpélov Kraft, journaliste du magazine "Le Gobelin Sportif". Ce document fut retrouvé sur son corps sans vie et affreusement mutilé aux larges des côtes du Nord)

CHAPITRE I

Dire que l'équipe elfe des Howling Eagles était une bonne équipe est aller rapidement en besogne. Certes elle a fait parler d'elle localement mais ne dépassa jamais le niveau régional. Toujours est-il que l'on m'envoya enquêter sur sa disparition supposée au soir d'un jour de match contre une équipe hobbite inconnue jusque là. Nul ne sait ce qu'il advint de l'équipe et nul d'ailleurs n'a su le résultat du match si ce dernier a bien eu lieu... l'équipe n'a pas été revu.
Je prenais donc un billet de calèche pour me rendre à la ville de Cul-Tullus. Drôle de nom pour une ville hobbit d'ailleurs. Je parvins sans encombre à Fond-de-Bouc où je descendais laissant à leurs affaires mes compagnons de route. Je me réjouissais d'avoir emmener avec moi un bâton de marche lorsque le cocher m'indiqua un petit chemin serpentant entre les collines. J'avais une vingtaine de kilomètres à faire à pied. Les collines étaient vertes et le ciel, d'un bleu limpide, me laissait entrevoir une belle ballade champêtre. Je me mettais donc en route le coeur léger et d'un pas alerte. Je fis une pause vers midi pour me restaurer rapidement et reprenait de plus belle ma marche.
Insensiblement le chemin se faisait plus difficile à pratiquer, moins plat et je ralentissais le pas de peur de me tordre une cheville sur un caillou branlant. La végétation elle-même se fit plus morne, moins gaie et je débouchais alors sur une lande aride où soufflait un vent désagréable au possible. Les chants des bergeronnettes cessa soudain et je me retrouvais donc seul sur la lande à affronter le vent qui s'était encore renforcé. Je parvins non sans mal sur une dernière crête d'où je pus apercevoir l'océan et coincé au fond d'une crique les toits de la ville de Cul-Tullus. M'approchant de la cité, je me fis la réflexion quelle dénotait nettement des autres villes hobbites des environs. Nul oriflamme flamboyant, nul girouette sur les toits, des arbres rachitiques et déplumés dans les rues et une teinte générale d'un gris délavé tranchant avec le brique de Fond-de-Bouc ou le vert de Trou-de-Chausse. D'ailleurs le ciel s'était mis lui aussi imperceptiblement au gris et je terminai mon voyage sous une pluie battante. J'entrai en ville. Elle me parût encore plus sinistre que de l'extérieur. Elle avait du être bien plus rayonnante par le passé mais pour l'heure de nombreux logements semblaient vides et les façades lézardées aux volets défraîchis n'incitaient guère au tourisme. J'avisai une enseigne qui me parut être celle d'une auberge et me dirigeait vers elle tout en rajustant mon manteau. Je pris quelques secondes pour jeter un oeil au port. On pouvait y voir quelques coracles et barquasses dont les couleurs rouilles ne laissaient pas de doute sur l'entretien que les propriétaires devaient en faire. Les voiles avaient été laissées sur les mats et claquaient tristement dans la brise de fin d'après-midi. Trois mouettes se disputaient leur repas qui de loin parut être le cadavre du moins ce qu'il en restait, d'un chat... J'entrai!

Mais c'est qu'il aurait du talent, en plus...

la suite .... je vais chercher ma pipe

CHAPITRE II

Une vaste salle sombre acceuillait le voyageur. Au fond je distinguais le comptoir où s'activait un employé. Sa laideur me frappa, même si je ne suis pas un spécialiste de l'esthétique hobbite. Des yeux écarquillés et proéminents, une face ronde et des traits lourds, des traces sombres sur un front bombé et disgracieux.

Il leva un oeil inexpressif vers moi... il sembla me jauger durant quelques secondes qui me parurent une éternité.
"C'pourquoi?" dit-il d'une voie terne et presque inaudible.
Je demandais une chambre. Il fit une moue dubitative puis alla d'un pas trainant chercher une clef sur une plaque à clous. D'un regard rapide, je pus m'apercevoir que j'étais le seul client. Je réglais d'avance une semaine.
"Faudra qu'y se monte ses affaires seul, j'ai l'bas du dos qu'fait mal...C'ti qu'il voudra dîner ou pas!"
J'aquiescais à sa demande.

Je montais donc déposer mes maigres bagages dans une chambre certes spacieuse mais qui sentait le renfermé et dont les murs montraient les signes d'une humidité certaine. J'ouvrais donc la fenêtre pour la refermer aussitôt à cause des effluves nauséabondes qui devaient monter de la pêcherie voisine. Je me résolus donc à me contenter d'allumer un feu dans la cheminée.

Je descendis pour dîner et m'asseyait à l'une des tables. Une servante pas plus charmante ni plus avenante que le patron vint me servir ce que j'identifiais comme des pommes de terre accompagnées d'une viande dont je n'arrivais pas à distinguer la provenance. La faim me tenayant à cause de la marche, je me contentais donc de ce plat.
J'aperçus alors dans la pénombre et attablés à un petit guéridon, quatre hobbits occupés à jouer aux cartes et dont les murmures étaient couverts par les bruits de la rue et de la cuisine.
En les observant, je pus distinguer des trais physiques communs avec mon hôte... traits lourds, face ronde et yeux globuleux signes de dégénérescence que seule une consanguinité douteuse pouvait expliquer! Ces quatre personnages murmuraient entre eux tout en me lançant de temps à autre un regard plus ou moins discret. Je terminais mon repas avec un pichet d'hydromel aigre.
Je sortis ensuite pour fumer un peu. La pluie avait cessé et l'odeur de l'herbe à pipe parvenait tout juste à couvrir l'odeur de fin d'averse et de vieux port. Je flânais un moment le long des quais déserts. L'activité du port avait du être florissante mais elle semblait désormais se cantonner à la pêcherie dont les cheminées crachaient des volutes de fumée noirâtres et malodorantes. Un préposé municipal s'échinait à allumer les quelques lampadaires à huile encore présent, baignant le port dans une clarté diaphane qui couvrait à peine la nuit tombante.
Je décidais d'attendre le lendemain pour aller au stade m'enquérir de l'équipe de Bloodbowl locale. Je me couchais donc tôt et passais une nuit réparatrice.

Sympa
Ca fait bizarre de rencontrer des Hobbits noirs éh éh

Rhaaa la suite!!

CHAPITRE III

Je me levais assez tard, déjeunant d'un bol de soupe rapidement avalé. Le temps était tout aussi morose que la veille. Je partis d'un bon pas en direction du stade. Ce dernier se trouvait au fond de l'anse que faisait la ville, pratiquement à flanc de colline. Il semblait aussi délabré et mal entretenu que ne l'était la cité elle-même. Des lézardes béantes couraient le long de la tribune principale et les peintures semblaient ne pas avoir été refaites depuis une éternité. L'entrée principale était flanquée de deux statues massives d'une indicible laideur. Elles représentaient toutes les deux la même créature abjecte qui semblait sortir tout droit de l'esprit dérangé d'un aliéné. Le corps boursouflé et flasque s'apparentait à un corps d'oliphant. La tête semblait un amas d'yeux, de globes et d'une bouche immense d'où sortaient une multitude de tentacules. L'une des statues semblait tenir dans sa poigne un groupe d'individu qu'elle portait à sa bouche, la seconde semblait vouloir écraser un groupe de son pied éléphantin! Je me dis qu'il s'agissait probablement d'un mythe local si coutumier chez les gens de mer. Une autre partie de la construction m'intrigua, la partie du stade qui n'était pas la tribune principale était sceinte d'un mur de bois d'une hauteur avoisinant facilement la taille de deux hommes. Apparemment il valait mieux payer sa place si l'on voulait assister à une rencontre! J'entrai donc par l'entrée principale dont la grille était ouverte et je traversais directement la tribune pour déboucher sur le terrain en lui même. Ce dernier n'avait d'ailleurs rien de particulier si ce n'est un gazon jaunâtre et défraîchi. J'entendis une voix rauque dans mon dos.

"Kesti qui vient fouiner là, l'autre! Ct'est interdit d'y venir ici!"
Je me retournais surpris pour découvrir un hobbit chenu appuyé sur une canne en buis noueux. Sa barbe lui tombait au genou et il semblait trembler autant qu'un peuplier dans la brise matinale!
"Bonjour, je suis journaliste sportif. Je souhaiterai faire un article sur l'équipe de la cité et donc rencontrer le coach et les joueurs!"
"Ct'i pas l'heure de l'entrainement, y voit pas qu'à personne sur l'champ! Et pis pas sûr qu'le coach y veut y causer! T'façon faudra qu'repasse ce soir à l'heure de l'entrainement!"
"Je repasserai donc ce soir, je vous remercie de votre patience"
"C'est ça! Allez il fiche l'camp et revient ce soir!"

Je m'empressais de sortir amusé par le ton sérieux et grincheux de mon interlocuteur. Je décidais d'aller explorer les collines alentour d'autant que le temps semblait évoluer vers plus de clarté. Je passais en ville m'équiper pour la marche et pour me procurer un repas pour le midi, ce que je fis dans la seule épicerie ouverte. La vendeuse s'enquit de ma destination mais je restais évasif. En fait j'avais repéré une vieille bicoque au sommet de la colline au Nord de la ville. Elle semblait dominer toute la région et la vue sur l'océan devait valoir à elle seule le détour. Je me mis donc en marche. Le trajet ne fut pas de tout repos tant le chemin devenait impraticable par endroit, encombrés d'herbes folles et d'épineux, me forçant à quelques détours acrobatiques dans une végétation plus dense qu'elle ne paraissait de la ville. Je finis par déboucher sur un petit plateau où trônait la vieille maison que j'avais repéré. La vue sur la ville et les alentours était splendide, on voyait de là l'activité de la pêcherie, quelques bateaux occupés au large et une vue aérienne sur le stade confirmant sa vétusté.
Je fis le tour de mes provisions et me restaurais aux rayons d'un soleil taquin, se cachant de temps en temps derrière un nuage. Du pain, une tranche de pâté et du fromage, le tout agrémenté d'un vin correct me firent un festin improvisé.
Je pris alors le temps d'inspecter la vieille baraque, qui au vue de ses dimensions n'avait pas du appartenir à un hobbit mais plutôt à un humain. Abandonnée aux vents et aux intempéries, elle était dans un état de délabrement certain. Des tuiles manquaient et le bois semblait prêt à partir en lambeaux. Portes et fenêtres avaient été obstrué avec des planches. Forçant un peu sur l'une d'elle, je pus pratiquer une ouverture dans une des fenêtres. Jetant un coup d'oeil rapide autour de moi et me disant que j'avais l'après-midi devant moi, j'enjambais la fenêtre!

Le Fossoyeur a écrit:

L'entrée principale était flanquée de deux statues massives d'une indicible laideur.

On sent une indicible patte de Ashpélov Kraft je trouve dans cette phrase... du tout bon!

pitiver a écrit:

Le Fossoyeur a écrit:

L'entrée principale était flanquée de deux statues massives d'une indicible laideur.

On sent une indicible patte de Ashpélov Kraft je trouve dans cette phrase... du tout bon!

Le fameux coach d'Anciens joueurs de BB ^^

N'oubliez pas qu'à chaque chapitre lu vous perdez un point de santé mentale!!!

Le Fossoyeur a écrit:

N'oubliez pas qu'à chaque chapitre lu vous perdez un point de santé mentale!!!

Zut, je suis a -3

c'est un peu comme jouer contre rag alors...

CHAPITRE IV

Il me fallut quelques minutes pour m'adapter à la pénombre du lieu. Personne n'avait mis les pieds ici depuis des lustres, une fine couche de poussière immaculée recouvrait les sols et en témoignait. La plupart des meubles avaient été enlevé et il ne restait que quelques objets probablement inutilisables. L'étage était entièrement vide, l'on y voyait comme en plein jour car le soleil perçait entre les planches mal clouées. Je progressais à pas comptés car le bois, vermoulu par le temps, attaqué par endroits par les termites et autres insectes, laissait entendre des grincements peu rassurant.
En descendant l'escalier principal, je discernais une fresque sur un mur qui me rappela clairement les statues qui ornaient l'entrée du stade. La même créature immonde qui semblait se nourrir d'êtres gémissant et hurlant. Je m'aperçus alors nettement que cette partie du mur tranchait avec le reste, probablement parce que la poussière n'accrochait pas de la même façon. La luminosité était donc différente, je tentais de faire pression sur cette partie de mur sans réel résultat. En explorant cette partie du mur je repérais une pièce en métal qui sortait du mur juste sous le toit et cachée par une grande traverse. La pièce finissait par un oeillet dans lequel avait du être accroché une cordelette permettant de tirer dessus. J'improvisais, avec une planche et des clous, une sorte de griffe pour pouvoir tirer sur la pièces métallique. Après plusieurs essais infructueux, je parvins finalement à crocheter et à tirer. Un cliquetis léger se fit entendre et tout à fait satisfait je vis que le pan de mur avait légèrement bougé. Je parvins à ouvrir une sorte de petite ouverture qui donnait sur un escalier dont je ne pouvais voir le fond. Un souffle méphitique me frappa le visage, signe que l'endroit n'avait pas du être visité depuis bien longtemps. Sans lumière, j'hésitais à descendre. Je décidais de reporter mon exploration des lieux au lendemain. Je reviendrais équipé d'une torche ou d'une lanterne. Je ressortis de la maison en vérifiant que personne ne m'avait vu et je pris la direction de la cité. La fin d'après-midi arrivait et il me fallait redescendre au stade. J'y laissais quelques fibres de vêtements et quelques égratignures tant les ronces encombraient certains passages.

M'approchant du stade, je commençais à entendre une sorte de mélopée. On aurait cru un appel dont les hululements mélodiques revenaient en boucle et se faisaient plus nets au fur et à mesure de mon cheminement. Je finis par être sûr que le stade en était la provenance et je me dis qu'il devait s'agir des supporters ou des pom-pom girls.
Lorsque je fis mon entrée dans le stade, la mélopée cessa d'un coup. Je débouchais sur le terrain et ma surprise fut grande de n'y trouver qu'une vingtaine de hobbits dont le physique ingrat ne fut pas sans me rappeler celui du tenancier de l'auberge. Il s'agissait des joueurs qui s'égaillèrent en groupe. Un entrainement normal sembla se mettre en place. Je vis alors un individu de grande taille s'avancer vers moi. Il s'agissait d'un humain. Il portait une grande houppelande beige avec une capuche qui lui cachait une partie du visage. Une barbiche blanche, un nez fin et des yeux noirs et profonds donnait à sa physionomie une sévérité certaine. J'en conclus qu'il devait être le coach de l'équipe.

-> "Vous devez être le journaliste dont m'a parlé le gardien du stade?"
"En effet, je représente le Gobelin Sportif qui souhaiterait un article sur votre équipe. Autoriserez-vous à assister à l'entrainement de l'équipe et pourrez-vous répondre à quelques petites questions?"
-> "Assister à l'entrainement... vous n'êtes pas un espion j'espère... Oui nous n'avons rien à cacher... vous pouvez rester ce soir. Quand à une interview... nous verrons après l'entrainement!"

L'entrainement se passa et à vrai dire il ressembla à ce qui se fait partout ailleurs. Les ateliers de course firent place aux ateliers de blocage et d'esquive. Je réalisais d'ailleurs à ce moment là que les ents n'étaient pas présents... si l'équipe en avait d'ailleurs. Je tentais d'interroger le gardien mais sa réponse grommelée et bougonne n'éclaira pas vraiment ma lanterne!! La cession toucha à sa fin et les joueurs se regroupèrent. Ils s'agenouillèrent et se mirent à fredonner la même complainte que j'avais entendu en m'approchant du stade. Ceci dura quelques minutes puis ils se levèrent et rejoignirent une entrée qui devait être le vestiaire. Je m'approchais alors pour poser mes questions au coach! Cependant la porte s'avéra fermée et je dus patienter de longues minutes avant que le coach n'ouvre la porte.

Je débutais mon interview par des questions banales afin de ne pas trop bousculer mon interlocuteur. L'équipe jouait peu de match et ne participait à aucune compétition officielle. On pratiquait un jeu hobbit habituel avec des lancers, des touchedonnes et des petits encas pour se refaire le moral. Je décidais alors d'en venir au point crucial :
"Quel a été votre résultat contre l'équipe d'elfe que vous avez rencontré récemment?"
--> "Nous n'avons pas rencontré d'elfes récemment..."
"Pourtant il semble que vous aviez un match prévu contre les Howlings Eagles"
"Ils ne sont pas venus?"
"Comment ça?"
"Nous avions bien un match programmé mais l'équipe adverse n'est pas venue, n'a pas prévenu..rien... nous avons improvisé un match entre nous, au grand dam des spectateurs!"
"Pourtant la direction de l'équipe elfe dit que..."
--> "Ils doivent faire erreur... ils ne sont pas venus point final! En revanche nous avons un match prévu dans deux jours contre des orques. J'espère que vous serez là pour témoigner du bon comportement qui est le nôtre quand il s'agit de recevoir des visiteurs..."
"De quelle équipe s'agit-il?"
--> "Les Torgnoleurs de Barad-Mouh..."
"Je ne connais pas cette équipe, dans quel championnat évolue-t-il?"
-->"Ohh ils sont au plus bas niveau, une équipe qui ne joue que des matchs amicaux... cela nous convient parfaitement...Vous verrez bien dans deux jours"

Mon interlocuteur coupa court à l'interview et me quitta sans que je n'ai pu réellement obtenir de réponse à mes questions. Si les elfes n'étaient pas venu, qu'était-il advenu d'eux?

CHAPITRE V

Je rentrais donc à l'hôtel l'esprit un peu préoccupé.Que cachait les volets à peine entre-ouverts des maisonnettes de cette cité décrépie? Je pris mon dîner dans une salle vide, il ne semblait pas y avoir beaucoup de visiteurs dans cette ville sinistre et peu hospitalière! Je montais me coucher et ce qui se passa cette nuit là me fit penser que je n'étais pas le bienvenu. M'étant couché tôt, je fus réveillé en cours de nuit. Des chuchotements provenaient de derrière la porte d'entrée. Je tendis l'oreille mais ne put comprendre mot. Soudain j'entendis que l'on grattait à l'intérieur du trou de serrure. J'avais par habitude laissé la clef en place. Je me levais avec le plus de discrétion possible et me dirigeais vers la seconde porte qui donnait sur une chambre voisine. J'utilisais une chaise pour bloquer la porte et m'aperçut que les bruits avaient cessé à la porte d'entrée. J'entendais battre mon coeur... Puis un bruit de serrure dans la pièce voisine, des pas, un nouveau bruit de serrure et des tentatives avortées pour pousser la porte. Je me réjouis d'avoir réagi rapidement. Les bruits cessèrent. Je me recouchais mais ne fermais pas l'oeil du restant de la nuit. Qui avait tenté d'entrer ainsi et dans quel but...? Je me levais tôt mais j'évitais de déjeuner à l'auberge. Qu'aurait pu contenir la nourriture, je ne souhaitais pas en faire l'expérience.

Je passais à nouveau à l'épicerie pour prendre quelques provisions et de l'huile pour la lampe que j'avais récupéré à l'auberge. Après avoir passé un moment sur les quais pour assister au débarquement d'une cargaison de poissons fraîchement pêchée, je pris à nouveau la direction du stade pour assister à l'entrainement qui devait s'y dérouler. Le coach maussade n'était pas là et j'assistais à un entrainement classique. Les Ents étaient présents et perfectionnaient leur lancer! Les hobbits se préoccupaient eux plus d'assurer leurs atterrissages! Malheureusement aucun accident fortuit n'eut lieu ce matin. Il est pourtant toujours réjouissant de voir un de ces avortons bedonnant s'éclater lors de son atterrissage, les voir éclater tel un fruit trop mûr est un des rares moments comiques du Bloodbowl. Il n'y a d'ailleurs que l'atterrissage d'un gobelin dans un groupe de supporters minotaures pendant un match pour être plus sympathique!

Comme je l'avais décidé la veille, je remontais donc à la veille bicoque bien résolu à explorer la cave découverte la veille. Après un casse-croûte rapide, j'enjambais la fenêtre, ouvrais le passage secret et après avoir allumé ma lanterne débutais la descente. Il me sembla que celle-ci dura une éternité. L'escalier tournait à angle droit toutes les vingt marches et ceux pendant un bon moment. Les murs, d'abord lambrissés, avaient été grossièrement creusés dans la roche qui ruisselait d'humidité. Je parvins enfin à une porte en bois et en fer. Elle résista un moment à mes efforts puis s'ouvrit d'un coup dans un grand grincement de fer rouillé. J'entrais dans une petite bibliothèque dont les étagères croulaient sous les ouvrages. Il y avait peu de poussière et l'humidité ne semblait pas avoir pénétré en ce lieu. Une bonne partie de ces ouvrages abordaient toutes sortes de catégories scientifiques telles les mathématiques, la biologie et la médecine. Un pan entier était en revanche réservé à des ouvrages d'un tout autre domaine : on y trouvait des traités de nécrologie, de nécromancie, des ouvrages théologiques et autres dictionnaires de magie! Je pris un de ces ouvrages car je reconnus le titre : Les Tomes de l'Enragé écrit par le scribe snotling dément Ragbih L'Hansi, issu d'une race de snotling-garou aujourd'hui éteinte. Il y traitait de la description du démembrement d'un gobelin par le nécromant chaotique Nekrohfabhe. Le tout agrémenté de dessins pour le moins explicites me provoqua un haut-le-coeur et je reposais immédiatement cet ouvrage impie! J'entrais alors dans une sorte de laboratoire. Au centre se trouvait une grande table en chêne massif, dessus se touvait un cadavre si désséché et recroquevillé qu'il me fut impossible d'en identifier la race. De nombreux instruments métalliques étaient posés sur la table, j'en conclus que ce cadavre avait du servir à des pratiques douteuses illustrant parfaitement les ouvrages dégénérés trouvés dans la bibliothèque. Un mur était caché par une immense étagère en bois dont les rayonnages étaient couverts de bocaux dont la taille variait jusqu'à atteindre la taille d'un mêtre! Je me rapprochais et à nouveau je faillis vomir à la vue du contenu de ces bocaux. Ce n'était que cadavres ou membres de créatures diverses, le tout baignant dans un liquide jaunâtre que je n'identifiais pas. Je laissais derrière moi ce musée des horreurs pour observer une série d'alambiques, de cloches, de tuyaux de verre posés sur une nouvelle table. A n'en pas douter cette pièce avait du voir des expériences terribles dans le passé et son oubli n'était pas une mauvaise chose en soi. Un piédestal attisa ma curiosité. Fait d'un bois d'une noirceur extrême, il présentait en détail et en relief une série de posture de la créature décrite plus tôt devant l'entrée du stade. Sur le piédestal se trouvait un magnifique livre recouvert d'un cuir sombre. J'ouvris l'ouvrage, le titre en était "Liber Ivonis". Je ne pus en déchiffrer plus car il était écrit dans un langage qui m'était étranger. Je refermais donc le livre et poursuivit mon exploration. Une nouvelle ouverture donnait sur une pièce étroite et assez longue contenant des caisses et des barriques. Une nouvelle porte donnait sur un nouvel escalier que je descendis pour arriver à un tunnel descendant en pente douce et dont le sol était recouvert d'une bonne couche de sable. Je commençais à entendre un son familier que j'identifiais comme le ressac.

Je débouchais enfin sur une grande caverne faiblement éclairée. Me retournant pour bien repérer les lieux, quelle ne fut pas ma surprise de ne plus voir l'ouverture du tunnel. Je remontais quelques mètres et là je dus m'y reprendre un bon moment pour retrouver l'ouverture qui avait été faite de telle manière qu'un oeil non averti ne l'aurait pas détecté. Je notais un repère pour pouvoir revenir et je descendis les vingt mètres de rochers jusque sur le sable qui semblait recouvrir le sol de la caverne. Je suivis une courbe naturelle que faisait la paroi basaltique et je découvris après une bonne centaine de mètre la cavité principale de la caverne. Une crique avait été aménagée et des hobbits étaient en train de décharger une felouque amarrée à un ponton en bois. A ce moment là, l'un d'eux eut la mauvaise idée de lever les yeux vers la position où je me tenais, bêtement avec ma lanterne à la main il est vrai! Me voyant instantanément je le vis sortir de son fourreau une immense rapière (immense pour un hobbit) et ameuter ses compagnons. Je les entendis hurler plus que je les vis car j'avais rebroussé chemin et courait comme un dératé vers l'ouverture du tunnel! Je la retrouvais assez facilement et éteignais d'un souffle ma lanterne, préférant progresser à tâtons. Je les entendis courir, crier, pester et jurer. Je continuais ma progression et finis par avoir la certitude de les avoir distancés. Je relâchais alors ma vigilance et mon pied dérapa sur une pierre humide. Ma tête alla buter contre la paroi de roc et je tombais évanoui sur le sable du tunnel.

Extrait de "Bien gonflant chronicles - le journal du hobbit joufflu"

CHRONIQUE D'UNE SOIREE MEMORABLE

Bien que notre journal n'aborde le sport que sporadiquement, il nous est paru évident de revenir sur l'exploit de l'année, à savoir la victoire non programmée de la Couleur Tombée du Ciel sur les Rescapés une équipe de skaven... tombée bien bas!!

L'équipe joufflue de la Couleur Tombée du Ciel constitue à elle seule un cas particulier et atypique dans le microcosme gourmand du Blood Bowl Hobbit. C'est une équipe méchante, sadique autant que masochiste, qui vénère des dieux à faire passer les dieux du Chaos pour des avortons poussifs!

On sait que nombre de coachs adverses ont été saisi par d'innombrables petites mains potelées dans le but insondable de subir des sévices dont la morale empêche qu'on les énumère ici. Une constante dans l'humiliation programmée du coach adverse reste néammoins le goudronnage et le plumage puis l'exposition du malheureux aux quolibets et autres jets de tomates pourries! Insupportable!

Pour en revenir au match, on peut noter que la différence de niveau des deux équipes permis à la COuleur Tombée du Ciel de se parer des plus beaux atours, qui furent lorsqu'on analyse logiquement chacun d'entre-eux les catalyseurs intrinsèques d'une victoire miraculeuse s'il en est!
Racine Dutronc l'Ent sans racine fut ainsi engagé au détriment de Morg... moins cher, tout aussi puissant et doté d'une baliste en guise de bras! L'ent fut monstrueux effectivement dans ses lancers disséquant le jeu skaven tel un chasseur dépouillant sa proie! Un premier lancer proprement effarant expédia le ballon (et le hobbit Hastur cramponné au ballon) à l'opposé de toute la défense qui ne put réagir et encaissa le second touchedonne. Un second lancer pollua le renvoi de la seconde mi-temps et un troisième permis un blitz autant inespéré qu'improbable scellant les derniers espoirs skavens lorsque le petit Shubb-Niggurath expédia d'une poussée amicale le porteur de balle dans le public!
Zara constitua la pièce maitresse de la défense hobbit. Payant de sa personne avant le match pour satisfaire les besoins lubriques de ses petits co-équipiers (ceux-ci s'étant aperçus qu'attendre la fin du match entrainait une déconcentration pendant le match et surtout qu'après le match on était pas sûr d'être en état), la belle assséna moults blitzs et organisa la défense. En fin de match elle s'accapara la balle surtout après le tatanage sauvage subit par le seul rat pourvu de la compétence "Arracher le ballon"!
Le cuistot fut probablement la plus belle satisfaction du match dérobant pas moins de 6 relances aux skavens! Relances qui ne furent même pas utilisées au final. Son secret vient probablement de l'apport incongru de comté, gruyère et beaufort qu'il fit sans parcimonie dans chacune de ses recettes! On dit même qu'il aurait mis un roquefort entier dans la marmitte au moment de préparer son plat vedette : fricassée d'oeils de gobelins en sauce piquante! On dit également qu'il aurait passé une partie de l'avant-match à enterrer différentes croutes de fromage autour du stade...
Le sorcier fut également digne de sa renommée, d'une part les 3 skavens visés finirent cul par dessus tête mais le Rat-Ogre fut expédié en fosse avec une méchante blessure!(on dit qu'il aurait en fait simuler afin de reprendre trois fois de chaque plat préparé par le cuistot!). Celà laissa un trou béant dans le jeu skaven permettant à Zara de mettre une pression
terrible au passeur qui nous lança une belle pizza à l'origine du second touchedonne hobbit!
Une seule des corruptions fut utile, pourtant les petits ne ménagèrent pas leur peine en distribuant les coups de crampons aux coureurs d'égouts étendus de-ci de-là sur le terrain. Quand à la Bloodweiser, elle permit au seul ent Ko de revenir pour la seconde période. Celà dû jouer sur son métabolisme car il s'enracina rapidement et tomba dans une léthargie bienveillante!
Au final des inducements à la hauteur de leur valeur (pour une fois) qui firent indéniablement pencher la balance du bon côté!

Est-ce à dire que la Couleur gagna facilement?... certes non et l'on peut se poser la question de certaines tactiques skavens... tentative de passage en force avec regroupement de joueurs constituant une cible de choix pour le sorcier, coureur collé à la touche avec une pancarte " Expédie-moi dans le public, j'aime me faire rosser!", blessure multiples sur esquives ratées (des skavens sans esquive... c'est comme de la bonne crême fraiche : ça n'attend que de se faire fouetter!)
Tout celà nous amène à poser la question inévitable : "Le coach YAMI n'espérait-il pas subir tous les petits sévices d'après-match?". Si maintenant les coachs adverses se présentent avec le désir inavoué de se faire flageller, humilier et rosser après la rencontre...!!! Le coach de la Couleur résume bien ceci : "Mais où est notre plaisir à nous, si en plus on ne peut pas jouir de leurs souffrances et de leurs hontes!!"

Tout ceci fait froid dans le dos et on comprend le coach Genesak lorsqu'il déclare : "Je suis sûr que l'on m'a mis dans cette poule parce que j'ai refusé de verser suffisamment de corruptions à l'ensemble des suce-sangs qui dirigent la ligue!! Je proteste, j'ai rien fait pour mériter ça!". Le commis en chef Anktropia, qui a croisé la Couleur, lui aurait répondu : "Genesak est fatiguant... il larmoie et se lamente alors qu'il ne s'agit que d'un petit moment gluant et piquant à passer. Regardez, j'y ai survécu et ça a donné une belle teinte vermillon à mes fesses!"

On attend la suite du championnat avec impatience...

BREVES :
- Plusieurs parieurs des fans de la Couleur sont devenus millionnaires en ayant parié à 1000 contre 1 sur une victoire de leurs préférés. Comme le veut le culte innommable de l'ensemble de la communauté, ils ont reversé les subsides au club qui envisage d'aggrandir le stade ainsi que la fosse à supplice!

- Nyarlatotep ayant été élu joueur du match, il sera procédé à une cérémonie à sa gloire en son temple demain soir. Un sacrifice de hamsters sera effectué avec dégustation des entrailles et lecture du futur dans le foie des bêtes! Prévoir votre tenue en conséquence!

- Le cadavre du skaven ayant été récupéré, l'amicale du troisième âge des joufflus de la Couleur envisage un méchoui ce week-end pour déguster le décédé. Ouvert à tous, prix 1 pièce de bronze, demi-tarif sur présentation de la carte Vermeil. Prévoir sa boisson.

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Le toast???? c'est vrai que les hobbits aiment bien être les premiers à ripailler!! Mais on aime aussi avoir le choix du toss au début du match!