J'avais demandé à Gelt, mon adjoint, de poursuivre les séances d'entraînement, en mon absence. Je lui avais même dit de coacher le groupe lors des plays off. Mais les joueurs avaient refusé et rien n'avait pu les faire changer d'avis.
Je dois admettre que je fus flatté par cette réaction. Ils avaient préféré déclarer forfait plutôt que de disputer le squig bowl sans moi. Quel sacrifice ! Je savais parfaitement ce que représentait pour eux cette compétition. Et les voir abandonner, après avoir arraché si brillamment cette première qualification pour les quarts de finale, me toucha profondément.
C'est donc le coeur serré que je repris le chemin de notre centre d'entraînement après plus d'un mois d'absence. Je ne peux pas définir mon état d'esprit ce matin là. Il y avait de l'excitation, sans aucun doute. Mais mon coeur saignait pour mes joueurs et c'est donc la tristesse qui guida mes pas.
Je remarquai immédiatement le nouvel écriteau au dessus de l'entrée principale: Centre d'entraînement "Les Saxons Rouges". Cette référence à ma gloire passée m'arracha un premier couinement.
Ce sont finalement des coups de sifflets venus du terrain d'entraînement situé derrière le complexe qui m'arrachèrent à mes rêveries. Le groupe était à l'échauffement et Gelt menait la danse. Je m'approchai lentement lorsqu'une voix, derrière moi, me fit sursauter:
" C'est pas trop tôt !"
J'avais reconnu la voix de Brohag. En me retournant, je vis immédiatement son oeil rieur.
" C'est comme ça que tu t'entraînes, toi ? Tu devrais être avec les autres là-bas ? T'as de la chance d'être plus costaud que moi car j'aurais bien mis mon poing dans ta sale face verte !"
" C'est plus de votre âge, coach. Il faut vous surveiller maintenant. Et puis, le couperet est passé tout près cette fois-ci, on a bien cru vous perdre"
" Il faudra compter avec moi encore quelques années. J'ai connu le Rug ball et je peux te dire que c'était autre chose que votre Blood bowl pour majorettes"
" Waouh ! voilà le discours d'un coach en train de se vieuxconniser !"
L'équipe me fit un accueil extraordinaire. Je ne pus déceler aucune amertume chez mes joueurs. Je les avais abandonnés au plus mauvais moment, sur les recommandations de mon apothicaire, et j'avais brisé leur rêve.
Mais leur croisade ne s'arrêtait pas là. Ils avaient goûté aux prémices de la gloire et ils n'avaient qu'une obsession; goûter de nouveau les parfums délicieux et enivrants de la victoire. Et ils comptaient sur moi pour leur permettre d'étancher leur soif
Sujet: Le retour des Primitive Crusaders 
