Cannibal Chronicles, chapter 1

Manoir de Waldenhoff, aile ouest, bas-fonds 4, susnommé l’antre des bêtes.
Cette nuit-là…
Les quartiers des Cannibals arboraient maints symboles impies peints à même les murs de chaux.
Scar, le chamane des Cannibals, entretenait de constantes conversations avec les Dieux Noirs, et en inscrire la synthèse lui permettait de mieux les interpréter par la suite. Son aura lui donnait toute autorité sur ses frères afin de les guider vers la gloire annoncée.
Ses frères, mais pas les guerriers du Nord.
Il avait déjà dû affronter l’ire de Ramirez, pour qui la patience n’était pas une vertu. Singulièrement, c’était Jeffrey Dahmer, leur capitaine, qui l’avait conforté. Scar ressentait mieux que quiconque les pulsions du guerrier du Chaos. Celui-ci priait avec ferveur les sombres Dieux, et Scar savait pourquoi : l’octroi des dons.

Jeffrey Dahmer. Le chamane s’était souvent étonné que le coach désigne ce psychopathe comme leader de l’équipe. Mais le Dahmer qui sévissait dans les terres du Nord, le pillard violent et vindicatif, s’était mué peu à peu en meneur d’hommes efficace au sein de l’équipe. Après le match contre les Sparks, Rag Bylansi était venu les féliciter dans leurs quartiers.
-Vous tous, ensembles, affrontez des équipes bien plus aguerries, destinées au jeu de passe et à l’esquive. Vous êtes solidaires, et j’ai vu de belles choses, leur avait-il dit, occultant le classement et les points manquants. Ramirez avait alors tapé dans sa main, d’un poing rageur. Mais avant même que Dahmer et Candyman ne fissent un mouvement vers lui, Bylansi s’était interposé.
-Nulle victoire ne s’improvise, glissa-t-il au guerrier. La victoire est belle sur un match, mais glorieuse sur une saison. Et les augures ne disent pas que cette saison est la plus propice, votre chamane l’a vu comme moi. Je…
Tous furent alors interrompus par une explosion de briques et de chaux. Le mur ouest s’était comme évaporé, et de la poussière émergea le minotaure titubant à quelques mètres d’eux. Malgré sa force, Azazel marquait le coup, et le sang coulait à flots sur son museau. Il s’ébroua, et jeta un regard injecté de sang vers ces nouveaux adversaires qui se dressaient devant lui.

Sergent Bertrand éclata de rire, et les gors l’imitèrent de leurs beuglements gutturaux, bientôt suivis par Jeffrey Dahmer lui-même.
Azazel secoua la tête, sonda l’assemblée, irrité, et fonça cornes baissées sur eux.
Si les gors s’éparpillèrent sans demander leur reste, Bylansi fut surpris par la charge soudaine, comme paralysé. Steiner l’avait pourtant averti, le Chaos est un anathème, et celui qui le caresse se fait mordre inévitablement. Il ferma les yeux au moment de l’impact.
Un choc, le tumulte et le souffle court de la bête sur lui.
Rag Bylansi ouvrit lentement les yeux pour voir Dahmer et Candyman retenir le minotaure par les cornes. Les deux guerriers transpiraient à grosses gouttes, grognant et lâchant des jurons sous l’effort. Le coach effectua un repli stratégique. Dahmer se tourna ensuite vers son acolyte :
- Maintenant, lâche-le !
Si tôt fait, le poing du capitaine s’élança sur la tempe du minotaure, stoppant net ses velléités par le coup d’enclume qu’il lui asséna. S’avançant face à lui, Dahmer commença à frapper, et frapper encore, faisant reculer un Azazel écumant.
-Ne te trompe pas de cible, stupido. Jamais. Ne me menace jamais.
Jeffrey Dahmer tapa comme un sourd, jusqu’au moment où le monstre cèda du terrain en geignant, visiblement hagard.
-Scar, hurla le guerrier, je t’ai dit de maitriser sa soif de sang en dehors du terrain.Le chamane renifla, courbant l’échine, obtempéra et ramena le monstre vers sa litière, l’apaisant de mots incompréhensibles. Furieux, Dahmer attrapa le premier gor venu, et le soulevant d’une main, l’envoya valser sur ses comparses recroquevillés dans un coin de la cave.
-Soyez aussi rapides sur le terrain contre nos adversaires, car je saurais m’en souvenir, sinon…
Le guerrier du Chaos chercha des yeux une victime expiatoire à châtier. N’en trouvant point, il se tourna vers Rag Bylansi.-Désolé, la bête est rétive, coach.
Se frottant le menton, Bylansi parcourut l’équipe des yeux. Jeffrey Dahmer avait été un bon relais. Aussi bourru qu’il semblait, côtoyer les meetings en compagnie de Kruellagh, Steiner et autres capitaines l’avaient inspiré.Il tenait les joueurs de mieux en mieux, et l’entrainement amenait son lot quotidien de nouvelles compétences et possibilités.
-Parfait, tout est pour le mieux, Jeffrey ! Vous allez pouvoir bientôt évaluer leurs aptitudes, et je m’en régale d’avance.
Lust, le plus jeune gor du groupe, partit alors d’un bêlement, sans doute un rire, particulièrement odieux et irritant.
Les regards se tournèrent tous vers lui, et le gor se tût instantanément.
Un instant plus tard, Ramirez prenait à partie son capitaine.
-On a déjà évoqué ça, mais on est vraiment obligé de loger avec les choses poilues, là ? Je dis ça, parce que…
-Cohésion d’équipe, Ramirez, cohésion d’équipe.
Ramirez laissa Dahmer reprendre l’entrainement, rejoint par Bertrand qui lui posa une main compatissante sur l’épaule.
-N’empêche ! Ils puent quand même un peu, non, finit –il par se dire pour lui-même.

Scar était encore convalescent. L'affrontement contre les rats avait failli lui coûter la vie, et il ne la devait qu'à sa piété. L'après match avait été étrange. Les Cannibals, enfermés dans un mutisme inquiétant, s'étaient rapidement isolés dans leurs quartiers.
Rag Bylansi avait interpellé les joueurs, leur rappelant les bases de leur jeu, et que la prochaine saison devrait être synonyme d'éclaircie pour la Confrérie Perdue.
Le temps n'était plus aux promesses, mais aux actions d'éclat.
Il le savait.
Ils le savaient tous.

Perdu dans ses pensées, Jeffrey Dahmer n'avait pas dit un mot depuis leur défaite, trois jours auparavant. Le chamane, alité, l'observait du coin de l'oeil, et sentait la colère monter dans le coeur du guerrier du Chaos.
Le capitaine des Cannibals avait ignoré les entraînements, prostré dans de noires pensées.
Ses acolytes l'ignoraient, sans doute à raison, sans doute parce qu'ils le connaissaient mieux que lui. Mais Scar eut une nuit agitée.
Des rêves sombres l'assaillirent. Quelque chose s'insinuait parmi eux, il le sentait de tout son être.
Les Dieux étaient à l'oeuvre au sein de leur antre. Et Jeffrey Dahmer avait quelque chose à voir avec ce tumulte.

Le matin suivant, Dahmer n'avait pas bougé d'un pouce, les mains jointes, et les yeux hagards. Scar finit par se lever, et s'approcher du guerrier, intrigué.
Des gouttes de sueur perlaient du front de Dahmer, et il serra les poings
Bientôt, le sang se mit à couler entre ses mains, lui arrachant un sourire effrayant.
Ses yeux fiévreux émirent une lueur malsaine, tandis qu'il écartait ses mains ensanglantées.
D'affreuses griffes effilées, encore absentes la veille, s'extirpèrent de ses paumes lacérées, et il les exhiba fièrement à tous.
-Les Dieux m'ont enfin entendu, chamane! Vous m'entendez, vous tous?
Les BloodFeast Cannibals sont désormais touchés par la grâce des Dieux Sombres, et nous allons les honorer pour cela.

Aïe aïe aïe, moi je veux pas croiser les Cannibals en 2514, ils sont vraiment trop terrifiants

Ca dépend de ta caisse noir Brad, uniquement de ta caisse noire...